Liberté d'expression
et sagesse socratique
En toutes choses on doit agir dans la vue du bien (Socrate)
En s’appuyant entre autres sur le point de vue indémodable de cet immense philosophe qu'est Socrate au sujet de la liberté d'expression, l’occasion s’offre d’interpréter les tenants et aboutissants des événements de Paris du 7 janvier 2015 (attentat contre Charlie Hebdo) et ceux qui ont suivi, pour ensuite en tirer certaines leçons (surtout basées sur le bon sens).
On s’éloignera du discours manichéen actuel des grands médias qui se contentent de surfer sur la confortable vague de la pensée unique, plaçant abusivement le droit à la liberté d’expression sur un piédestal très haut perché.
Il est plus que nécessaire de rappeler les limites éthiques du droit d’expression, tant pour soi que pour les personnes œuvrant dans les médias (dessinateurs, caricaturistes, journalistes...). Pour en comprendre tous les enjeux, il est important de faire référence tant au contexte historique qu’aux immuables lois naturelles.
Progrès moral ?
 
  
Les moyens techniques qui se sont considérablement 
  développés depuis l’antiquité et à une allure vertigineuse depuis l’avènement 
  d’Internet, ont transformé tout en profondeur ; entre autres, le volume mais 
  aussi la vitesse de la propagation de l’information, sans toutefois, comme 
  cela était prévisible, faire vraiment évoluer positivement le progrès moral. 
  C’est ce qui fait dire et justement à beaucoup que l’histoire est un éternel 
  recommencement… 
  
  La plupart du temps, cet emballement de l’information ne s’accompagne pas 
  d’une qualité de communication adéquate, basée sur le respect des immuables 
  lois naturelles et de ses salutaires garde-fous, comme on le verra ensuite ; 
  une communication plus appropriée aurait permis de ne pas tomber dans les travers de s’autoriser à dire 
  tout et n’importe quoi, sous prétexte de 'liberté d’expression' ; la nature 
  humaine étant ce qu’elle est, le meilleur a toujours côtoyé le pire… 
   
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  Liberté d’expression chez les espèces naturelles
 
  
Du fait que les espèces naturelles sont dominées par leurs instincts et qu’elles n’ont de ce fait qu’un libre arbitre très réduit, leurs libertés d’expression et d’action sont fortement limitées. Cela leur permet d’arriver à vivre ensemble dans une puissante harmonie.
Ainsi, aucun prédateur n’est capable de se montrer cruel, d’abuser de son pouvoir, de sa position : il ne tue que pour se nourrir, comme solution ultime pour protéger son territoire, en faisant souffrir le moins possible et sans se gaver.
Les espèces naturelles n’adoptent jamais un comportement inutilement agressif même en situation de danger : par exemple, lorsqu’un sujet envahit le territoire d’un autre, ce dernier montre d’abord des signes destinés à le faire fuir (grognement, gonflement du pelage…) et si l’envahisseur ne fuit pas rapidement, vient alors le juste combat pour la sauvegarde du territoire (parce qu'il conditionne sa propre survie)..
Certes, quand le propriétaire du territoire convoité n’est plus à la hauteur 
  (santé, vieillesse, maladie…), il finit par céder son espace à celui qui 
  pourra le mieux s’en occuper et y développer son espèce à un niveau optimal de 
  qualité, c'est le "prix à payer" pour que tout l'écosystème se pérennise.. (cf. le combat des cerfs). 
  
  Les animaux se confrontent aux autres uniquement avec une responsabilité 
  instinctive. Cet équilibre constant depuis la nuit des temps explique ainsi la 
  permanence de la nature bien avant l’arrivée de l’homme : la liberté 
  d’expression et d’action des individus des espèces naturelles ne peut exister 
  que dans le respect de leurs congénères et de ceux des autres espèces, sinon 
  tout le système serait mis en danger.  
  
  C’est ainsi qu’en présence d’un déséquilibre en force ou en nombre d’une 
  espèce sur l’autre — ce dont l’homme se rend souvent responsable directement 
  ou indirectement et qui a conduit à l'effondrement 
  planétaire (global) actuel —, celle en surnombre se réduit automatiquement, voire 
  disparaît totalement, pour ne pas mettre en péril l’écologie générale et la 
  survie harmonieuse de tout le système : par exemple, via l’effondrement 
  automatique de l’immunité chez les animaux qui contractent alors des maladies 
  mortelles (maladies de la vache folle, de la langue bleue, prion et autres 
  maladies infectieuses etc.), lorsqu’ils sont mis dans des conditions de vie 
  insupportables ou tout simplement non respectueuses des lois de la nature (ex. 
  élevage en batterie, élevage intensif…) ; tout excès est en effet contré 
  automatiquement.
Le monde a commencé 
  sans l'homme, il peut finir sans lui. (Claude Levi Strauss)
  
  
 
  
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  liberté d'expression
  
  Liberté d’expression individuelle chez l’homme
  
  Le 
  fait que l’homme est doué d’un libre arbitre bien plus développé tout en ayant 
  des instincts innés relativement bien moins importants que ceux des espèces 
  naturelles, il fait le choix de comportements dont le souci majeur n’est que 
  trop rarement rivé sur le respect des lois naturelles, de la morale et tout 
  simplement du bon sens qui en découle, pour préserver l’écologie générale.
  L’homme est alors enclin à gaspiller notamment énormément de nourriture, se 
  rend coupable de souffrances animales autant inutiles qu’abjectes et de 
  comportements tout aussi contre-nature vis-à-vis de ses propres congénères. Il 
  a même la prétention d’améliorer la nature ! La survie de l’espèce humaine est 
  de moins en moins garantie, parce qu’elle respecte de moins en moins la Nature 
  et ses lois ; pire, dans sa folie irresponsable, l’espèce humaine en est même 
  arrivée à mettre en danger la survie à terme des autres espèces (cf. 
  le 
  réchauffement climatique et ce qui nous a conduit inexorablement vers un
  effondrement planétaire global) !
  
                     
  Si nous prenons la nature pour guide, nous ne nous égarerons 
  jamais. (Cicéron)
  
  Les comportements humains et la morale qui en découle auraient toujours dû 
  trouver leur source dans l’observation de la nature et du comportement des 
  autres espèces. C’eut été le produit d’une association réussie entre instincts 
  innés, un niveau d’intelligence supérieur et un libre arbitre bien éclairé.
  Malheureusement, à cause de sa capacité (prétendument) supérieure à réfléchir et d’agir 
  suivant son libre-arbitre souvent mal éclairé, l’espèce humaine se rend trop 
  souvent responsable d’enfreintes à la morale naturelle : le non-respect des 
  autres, de leurs valeurs, de leurs limites, de leurs espaces légitimes de vie 
  (territoires) …, la plupart du temps faute d’une communication de qualité. Du 
  fait qu’elle n’est pas innée chez l’homme à l’inverse des autres espèces, 
  cette manière de communiquer harmonieuse devrait s’apprendre dès le berceau, 
  mais les éducations familiales et scolaires ne lui consacrent qu’une 
  importance bien trop limitée.
  
  Face à de tels écueils, des auteurs comme Jacques Salomé et Marshall Rosenberg 
  ont largement démontré les effets bénéfiques et salutaires d’une communication 
  appropriée et donc, entre autres, non violente, loin du ”tu tues”. Cette autre 
  célèbre auteure, Alice Miller, a consacré une partie de sa vie à dénoncer 
  notamment les conséquences dommageables de la 
  pédagogie noire (mode 
  d’éducation qui cautionne les violences parentales physiques et psychiques 
  aliénantes, aux antipodes d’une communication de qualité).
  
  J'ai déjà souligné aussi bien dans 
  mon livre que sur ce site, l’immense et 
  indémodable apport de l’incontournable et immense philosophe grec qu’est Socrate 
  (considéré d’ailleurs comme l’un des premiers psychothérapeutes, mais qui n’a 
  rien laissé par écrit ; ses réflexions ont été retranscrites par l'un de ses 
  élèves, Aristote) : 
• le “connais-toi toi-même” comme source de bonheur et d’épanouissement 
  personnel ; « "Connais-toi toi-même', voilà toute la science. C'est 
  seulement quand la connaissance des choses sera achevée que l'homme se 
  connaîtra lui-même. Car les choses ne sont que les limites de l'homme », 
  ajoutait le philosophe Friedrich Nietzsche
  • la Maïeutique (“l’art de faire accoucher l'autre à lui-même”) (°). 
  ° La 
  Maïeutique de Socrate fait référence au personnage de la mythologie grecque 
  Maïa, l'aînée des Pléiades, qui veillait aux accouchements (“μαιευτική”, 
  maieutikê signifiant l’art de l'accouchement) ; la mère de Socrate était 
  sage-femme, ce qui ne pouvait, selon toute vraisemblance, que l’influencer 
  dans ce qu’il a développé au travers de la Maïeutique. C'est aussi cette 
  manière de faire qui devrait toujours être au sein d'un
  accompagnement thérapeutique approprié.
  
Deux objectifs qui, suivis constamment, conduiraient au mieux vivre-ensemble : une communication respectueuse de soi et des autres permet non seulement de mieux se connaître, de mieux se livrer, d’exprimer librement ses ressentis, ses émotions…, mais aussi de faire accoucher l'autre à lui-même, à sa propre vérité, à ce qu’il ressent, sans jugement, sans parti pris… et ainsi d’adopter ensemble le même registre épanouissant.
  Jacques Salomé l'exprime en d’autres termes : « écouter l’autre c’est 
  lui permettre d’entendre ce qu’il dit », à l’opposé du « tu tues ». Pour 
  mémoire, l’absence suffisante d’écoute de soi et des autres, des 
  besoins 
  respectifs, constitue entre autres l’antichambre des maladies sur le plan 
  personnel et celle des guerres sur le plan collectif. 
  
  Voici une piste éprouvée pour celui qui veut tenir un discours adéquat sur les 
  autres et notamment à propos de leurs comportements, leurs croyances… et qu’on 
  peut aussi étendre quand il s’agit d’entreprendre une action les concernant ; 
  il s’agit d’un précieux et indémodable outil basé sur le bon sens et attribué 
  à Socrate, pour veiller à ne pas outrepasser l’exercice de sa propre liberté 
  d’expression et d’action au détriment d’autrui :
  
  
  
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| Le “test à trois filtres” de Socrate 
 
  
  
  
   
 
  
  Dans la Grèce antique, Socrate était loué pour sa sagesse. | 
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Le rejet de la responsabilité conduit à une culture où prévaut la mentalité de victime.
(Christopher Ross, Oxford Circus, la quête de la vie réelle, Ed Sully, 2003)
Les tueries de Paris ont été l’occasion de mobiliser un grand nombre de personnes sur la nécessité de se protéger contre les abus de pouvoir (souvent sanguinaires) exercés souvent par un petit groupe de fanatiques. Malheureusement, comme trop souvent, le discours des grands médias (asservi au politiquement correct et à la pensée unique, dans leur allégeance aux oligarchies financières qui les pilotent) a été manichéen :
d’un côté le camp des réputés “mauvais” (bourreaux) et de l’autre celui des réputés “bons” (victimes).
C’est une attitude sans nuances, faute d’avoir pris la peine de mettre au jour la source réelle et profonde des oppositions et les vraies responsabilités réciproques, notamment dans une perspective historique (la recherche des causes profondes, et entre autres, le comportement inadmissible des chrétiens lors les croisades …).
  
  
  En l’occurrence, il n’y 
  avait pas de “pures” victimes et tout autant pas de “purs” bourreaux, faute 
  d’un respect mutuel !
  
  Les commentaires des grands médias et les prises de positions des décideurs 
  n’ont pas été vus comme l’occasion d’inviter chacun à se remettre en question 
  personnellement et collectivement : comment chacun d’entre nous 
  communique-t-il ? Le fait-il toujours en respect avec les lois immuables de la 
  morale naturelle et du souci du vivre-ensemble en harmonie et en paix ? 
  
  Le bon sens nous dirait d’adopter un traitement analogue, d’accorder des 
  droits à égalité entre les comportements individuels et les comportements 
  collectifs, de sorte qu’ils restent bien en phase et génèrent plus de 
  cohérence sociale. Pourtant, du haut de son piédestal, la sacro-sainte liberté 
  de la presse est brandie actuellement mais fallacieusement, comme une valeur 
  intouchable, une sorte de conquête définitive revêtue d’un droit quasi absolu, 
  le tout presque déifié et qui dépasse paradoxalement et de loin, ce que le 
  droit à l’expression d’un individu isolé pourrait permettre ! Cherchez donc 
  l’erreur !
  
  Jakubowski
  "Liberté d'expression correspond dans la presse à liberté d'impression 
  "(Patrick 
  Jakubowski)
   
  
  
  Même si au fil des siècles, les lois qui protègent les médias leur accordent 
  finalement plus de privilèges que ce qui est accordé individuellement, la 
  liberté de la presse ne saurait pourtant avoir quelque caractère absolu, à 
  moins de tomber dans une forme de totalitarisme qui ne s’avoue pas. En fait, 
  le bon sens lui dicte qu’elle devrait pourtant aussi s’arrêter là où commence 
  la liberté (individuelle et collective) des autres.
 
  
Pour l’anecdote, j’ai été personnellement confronté au comportement abusif des médias. Toutefois, mon action en justice a permis de faire évoluer la jurisprudence en la matière. (N.B. le soulignement et la mise entre crochets on été ajoutés) :
« Le jugement du 21 septembre 2009 (TGI Paris, 17e Chambre) qui a condamné le producteur/animateur Jean-Luc Delarue [ainsi que sa société Réservoir Prod] et France 2 après la plainte du psychothérapeute belge Labrique constitue
une avancée juridique importante.
  
  M. Labrique a 
  emporté une importante victoire concernant le nécessaire respect par les 
  animateurs de télévision, lors du montage final, des propos tenus par les 
  participants à leurs émissions. 
  C’est une avancée qui peut favoriser à 
  l’avenir une meilleure application de la déontologie journalistique
  
   
  
  
  ».
  
   Jean-Luc Martin-Lagardette, journaliste. (Détails)
 
Il faut dénoncer la manière déséquilibrée autant 
  qu’injuste dont la liberté d’expression de la presse notamment en France, 
  protégée comme ailleurs par le droit de la presse, s’exerce encore abusivement 
  au détriment du droit individuel ; c’est ce dernier qui a finalement prévalu 
  dans le jugement repris ci-avant, se référant à ce que dictent les codes 
  civils belge et français et principalement à cette disposition : « Tout fait 
  quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la 
  faute duquel il est arrivé, à le réparer ». 
  
  La liberté d’expression de la presse ou de tout autre organe ou personne ne 
  peut pas conduire à malmener celle des autres, notamment pour ce qui touche à 
  leurs croyances personnelles (certes à condition que ces dernières se limitent 
  à la sphère privée et que cela n’occasionne aucun dommage pour autrui). 
  A mon point de vue, sous 
  prétexte du droit intangible à la caricature et au blasphème (ce qui n’est 
  certes pas admis dans tous les pays occidentaux), en s’y prenant trop souvent, 
  gratuitement et d’une manière aussi virulente à l’image de Mahomet (comme je 
  tenterai de l’expliciter ensuite), les dessinateurs de Charlie Hebdo (CH) ont 
  pris bien trop de libertés par rapport aux règles basiques du bien 
  vivre-ensemble et tout simplement à celles du respect élémentaire de l’autre.
  
  Ces règles font partie des fondements de la Civilisation occidentale, de ses 
  valeurs, lesquelles sont mises de plus en plus à mal notamment par les 
  outrances médiatiques pourtant encensées (celles de CH) par leurs pairs, d’une 
  manière trop corporatiste. 
  Il faut se rendre compte que le premier média qui a dérapé en amont c’est CH : 
  de telles caricatures constituent trop souvent des agressions parfaitement 
  inutiles, de mauvais goût (et notamment
  celle-ci,
  peu 
  avant l'attentat) extrêmement provocatrice : un défi à la réaction violente, à 
  une provocation extrême, ce vent dont la force excessive ne peut que favoriser 
  la tempête : ).
  
  D’ailleurs, Charlie Hebdo a déjà répondu en 2007 devant la justice des 
  caricatures de Mahomet qu'il avait déjà publiées ; le tribunal avait certes 
  jugé que l'hebdomadaire avait le droit de publier ces dessins :
« Attendu que le genre littéraire de la caricature, 
  bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté 
  d'expression et de communication des pensées et des opinions […] ; 
  attendu qu'ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette 
  caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances 
  de sa publication dans le journal “Charlie Hebdo”, apparaissent exclusifs de 
  toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des 
  musulmans ; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc 
  pas été dépassées […] » (Source).
 
La question trop peu posée est de savoir si les 
  caricatures incriminées alors ou maintenant « apparaissent [vraiment]
  exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement 
  l'ensemble des musulmans » et si « les limites admissibles de la 
  liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées » ! Permettez-moi 
  d’avoir un sérieux doute !
   
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  En effet, à la lumière des événements récents, ne faudrait-il pas redéfinir 
  les contours admissibles de la liberté de la presse, devenue encore plus 
  intouchable au fil de tout ce qui est de plus en plus toléré sur la toile et 
  dans la presse et qui favorise alors la surenchère ? 
  L’histoire est truffée de lois et de dispositions légales dont on mesure 
  (enfin) à un certain moment que certaines de leurs applications dérivantes 
  conduisent à des comportements inadéquats ; cela entraîne alors des correctifs 
  (jurisprudence) et des révisions (modifications profondes), voire des abrogations 
  pures et simples de telles lois et c’est très heureux.
  
  En effet, à moins d’avoir face à soi un sage comme cible de l’agression, il ne 
  faut pas s’étonner de générer des réactions tout autant (et parfois davantage) 
  musclées. Une des lois principales qui gouvernent l'univers est la loi 
  d'action qui ne peut entraîner qu’une réaction au mieux proportionnée ; 
  cependant face à certains excès typiques du genre humain, la pensée populaire 
  empreinte de bon sens pointera à juste titre un certain type de vent qui sème 
  la tempête... Vu la virulence répétée des caricatures, il était étonnant de ne 
  pas s’y attendre (l’incendie des locaux de CH en 2011 aurait déjà dû faire 
  réfléchir). Certes, dans ce cas-ci, l’ampleur de la réaction a très 
  certainement surpris par sa violence... et personne ne peut évidemment 
  cautionner de tels actes sanguinaires. 
  
  A chacun d’adopter les garde-fous que constituent entre autres l’éthique et le 
  bon sens : les caricaturistes en question n’auraient-il pas pu par exemple 
  s’en prendre spécifiquement aux jihadistes, plutôt que de se moquer à ce point 
  de Mahomet et de blesser les Musulmans, gratuitement, en plus, 
  contre-productivement et dommageablement ? 
   
  
                                        
  Errare humanum est, sed perseverare diabolicum 
  (Cicéron)
  
  Il ne saurait être question de censure, mais idéalement, l’éthique des 
  caricaturistes devrait les aider dans leurs choix, sans qu’aucun jugement ou 
  disposition extérieurs n’ait à intervenir.
  C’est ainsi que les dessinateurs auraient par exemple dû faire passer leurs 
  projets de caricatures au triple filtre attribué à Socrate (vérité, bonté, 
  utilité) et au moins l’un des filtres aurait sans doute barré la route à 
  nombre d’entre eux. Il y a tant de brutalités, de manque d’amour, d’absence de 
  compassion dans notre société déjà si violente, mais alors pourquoi 
  délibérément jeter de l’huile sur le feu, sous prétexte d’humour (qui a 
  décidément trop bon dos) et avoir des attitudes sinon haineuses, du moins 
  fortement offensantes à l’adresse d’une partie de la population qui a déjà 
  tellement de difficultés et de résistances à s’intégrer ?
   
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  To be [Charlie] or not to be ?
  
  Pour terminer voici un extrait d’un
  
  article du Vif L’Express (Belgique) écrit par le philosophe belge 
  Jean-Michel Longneaux (professeur à l'Université de Namur). Sa position me 
  paraît empreinte d’une sagesse, telle que la prônait Socrate via notamment le 
  test des trois filtres (le soulignement a été ajouté) : 
« Proclamer être Charlie, ce n'est pas seulement défendre le droit de 
  pensée, le droit au désaccord - ce que je partage, comme tant d'autres -, 
  c'est défendre aussi le droit d'offenser selon les codes de l'autre, c'est 
  défendre le droit d'humilier, de ridiculiser publiquement.
  
  C'est autre chose que l'impertinence dont parlent pudiquement certains 
  journalistes. Voilà pourquoi je ne suis pas Charlie. Etre Charlie, c'est 
  croire aussi que tout le monde est capable d'encaisser impassiblement ou avec 
  le sourire les humiliations publiques. 
  
  C'est croire que toutes les cultures partagent nos codes, notre sens de 
  l'humour et que, si ce n'est pas le cas, elles devraient y tendre puisque nous 
  détenons la vérité sur les bonnes conduites. 
  Voilà pourquoi je ne suis pas Charlie : parce que dans le monde réel, je sais 
  que tout le monde n'est pas capable de rire de tout, y compris de soi-même. 
  Par contre, tout le monde a besoin de se sentir respecté, y compris dans le 
  désaccord. Non à la haine, oui à la liberté d'expression !
  
  A cela je réponds qu'au nom du refus de la haine, il faut oser refuser les 
  modes d'expression qui peuvent blesser, qui sont ressentis par ceux qui sont 
  visés comme de la haine, et qui suscitent en retour de la haine. On a le droit 
  de n'être pas d'accord avec les autres, on n'a pas le droit de les humilier.
  
  Entre des crayons et des kalachnikovs, le rapport de force semble 
  disproportionné, injuste, cruel. Ce que nous ne voulons pas voir - et que 
  pourtant nous savons tous -, c'est que l'humour peut être d'une violence 
  inouïe, qu'il peut blesser, qu'il peut détruire : certains se suicident à 
  force d'être ridiculisés. Certains dessins, certains mots d'esprit sont pires 
  que des fusils : ceux-ci tuent d'un coup, ceux-là, à petit feu. 
  
  Les lâches assassinats, que rien ne saurait excuser, nous renvoient une image 
  de nous-mêmes bien cruelle. Je crains que l'émotion nous aveugle ».
   
      
  
La Parabole des aveugles. (Pieter Bruegel l'Ancien)
A lire aussi : "Gilets jaunes versus Gilets verts" : face à la violence étatique sous toutes ses formes (économique, justice fiscale, policière...), la réponse la plus appropriée est-elle vraiment celle de la prise de pouvoir sur les autres et des débordements lors des actions et autres manifestations ?
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  Et ils ont osé remettre cela (09/2020) !!!
 
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 En marge des réflexions précédentes, on entend souvent dire que le droit de critiquer et même d’offenser est inhérent, salutaire et même essentiel à la démocratie, mais en fait, c'est un dogme qui se fait passer pour une vérité universelle ! Dans d'autres pays européens que la France (Allemagne, Irlande, Grèce, Italie, Pologne, Malte, Espagne, Danemark), il existe des lois contre le blasphème. Devons-nous alors considérer de tels pays comme non démocratiques ? Dans cet article du
  
  NY Times du 7 janvier 2015 (écrit sans doute trop à 
  chaud puisque le jour-même de l'attentat contre Charlie Hebdo), on peut lire : « Et ce 
  blasphème-là est justement celui qui doit être défendu, parce qu’il sert 
  évidemment le bien de tous dans une société démocratique ». C'est de 
  nouveau un dogme car, en quoi le blasphème sert-il le bien de tous ? Aucune 
  démonstration n'est évidemment donnée et pour cause : comment pourrait-on 
  valider le fait que le blasphème engendre 
  du  « bien » pour ceux qui se sentent insultés, choqués à son contact ?  | 
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 Voici un extrait d'un article (17 février 2015) qui donne la parole à l'une des personnes qui se sont senties blessées par les caricatures de Mahomet : une femme d'origine palestinienne, Rania de Jordanie, épouse du roi de Jordanie et adepte du féminisme ; elle dit notamment et très justement : « Je ne vois pas au nom de quelles valeurs on peut réduire à de grossières caricatures la figure que chérissent des millions de musulmans à travers le monde. Dans quel but ? Davantage de dessins de ce type ne feront que blesser, approfondir la méfiance et favoriser les préjugés dans une époque où nous devrions plutôt promouvoir la tolérance et la compréhension. Il y a sûrement un équilibre à trouver entre la liberté d'expression et le caractère sacré d'une religion. Cette recherche ne doit pas être dictée par la peur ; elle doit être conduite avec compréhension et empathie. J'ai entendu, depuis la parution des caricatures, de nombreuses critiques provenant du monde musulman, qui soulignent un double langage au sujet de la liberté d'expression. Pourquoi invoque-t-on la liberté d'expression quand il s'agit de l'islam, alors qu'il existe des tabous et une ligne rouge lorsqu'il s'agit d'un autre problème ? ». 
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Faites toujours ce qui est droit, cela va satisfaire les uns et étonner les autres. Einstein
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       Santé  - 
      
      
        
        
        
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